L'Aïkido Traditionnel
une philosophie, un art de vivre
Citations et pensées orientales
Qui va vers le tao, le tao l’accueille
Qui va vers la vertu, la vertu l’accueille
Qui va vers la perte, la perte l’accueille
"La seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout est toujours en train de changer" Yi King
Tout change tout le temps : on ne peut donc rien tenir pour acquit.
"Entre oui et non, la frontière est bien mince. Le bien et le mal sont entremêlés" Lao Tseu
Chaque chose implique son contraire : c’est pourquoi on doit renoncer à porter des jugements.
"La respiration d’un homme accompli vient des talons. Celle du vulgaire vient de la gorge" Tchouang Tseu
L’énergie qui nous traverse vient de l’univers mais c’est à nous de la cultiver.
"La vie d’une personne avisée est une action du ciel…Calme elle a les vertus du yin. Active, elle a le flux du Yang" Tchouang Tseu
On s’habitue à penser en termes de yin et de yang.
"Qui se plie restera entier, qui s’incline sera redressé. Qui se tient creux sera rempli, qui subit l’usure se renouvellera" Lao Tseu
Avant de combattre les événements, on essaie d’abord de s’y adapter.
"Il produit sans s’approprier, il agit sans rien attendre. Son œuvre accomplie, il ne s’y attache pas. Et puisqu’il ne s’y attache pas, son ouvre restera" Lao Tseu
On apprend à "non agir". On fait ce qui doit être fait, sans s’inquiéter des résultats.
"L’efficacité du milieu juste est suprême, mais la plupart des gens en ont perdu la notion depuis longtemps" Confucius
On évite les excès et on vise en toute chose le "milieu juste".
"L’honnête homme remonte sa pente, l’homme vulgaire la descend". Confucius
On n’oublie pas que le but de notre vie est de se perfectionner.
"Une personne avisée pénètre la vérité des choses, sait s’en tenir à l’essentiel" Tchouang Tseu
Avant de se lancer dans l’action, on s’interroge sur les énergies en présence.
"Connaître les actes respectifs du ciel et des humains est le summum du savoir" Lao Tseu
On se conforme à la "volonté du ciel" et on accepte ce qu’on ne peut changer.
"Tranquillité dans le tumulte, c’est ce qu’on appelle perfection" Tchouang Tseu
On cultive la "chan attitude" : on reste calme et centré en toutes circonstances.
"En cherchant à hâter les choses, on manque le but. Et la poursuite des petits avantages fait avorter les grandes entreprises" Confucius
Chaque chose arrive en son temps : on cultive la patience, l’art de savoir attendre.
"Qui s’exhibe ne rayonnera pas. Qui s’affirme ne s’imposera pas. Qui se glorifie ne verra pas son mérite reconnu. Qui s’exalte ne deviendra pas un chef" Lao Tseu
On reste à sa place et on cultive la modestie en toute occasion.
"Un défaut dans un jade blanc s’efface au polissage. Un mot placé mal à propos ne peut se reprendre" Confucius
On fait très attention à tout ce qui sort de notre bouche.
"La piété filiale et le respect des aînés sont les racines même de l’humanité" Confucius
On change de regard sur les personnes âgées.
"Ne recherchez pas l’amitié de ceux qui ne partagent pas vos exigences" Confucius
On choisit ses amis avec le plus grand discernement.
"Pas de plus grand malheur que d’être insatiable. Pas de pire fléau que l’esprit de convoitise. Qui sait se borner aura toujours assez" Lao Tseu
On limite ses exigences et on sait se contenter de ce qu’on a.
"Qui contemple l’eau trouble perd de vue l’eau limpide" Tchouang Tseu
On simplifie notre vie et on sélectionne attentivement ses loisirs.
"Voyez pourquoi un homme agit, observez comment il agit, examinez ce qui fait son bonheur. Que pourrait-il encore vous cacher ?" Confucius
On exerce constamment nos facultés d’observation.
"Un vivant doit avant tout soigner son corps. Qui ne veut pas soigner son corps ferait mieux de quitter le monde" Tchouang Tseu
On respecte son corps et on l’entretien avec soin.
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L'homme imite la terre.
La terre imite le ciel.
Le ciel imite le Tao.
Le Tao n'a d'autre modèle que lui-même.
Lorsqu'un esprit supérieur entend le Tao, il le pratique avec zèle.
Lorsqu'un esprit moyen entend le Tao, tantôt il le conserve, tantôt il le perd.
Lorsqu'un esprit inférieur entend le Tao, il en rit aux éclats.
S'il n'en riait pas, le Tao ne serait plus le Tao.
A sa naissance, l'homme est doux et faible
A sa mort, il est dur et tout raide.
Les dix milles êtres, plantes et arbres, pendant leur vie, sont tendres et vulnérables
A leur mort, ils sont secs et recroquevillés.
Car ce qui est dur et fort est serviteur de la mort, ce qui est doux et faible est serviteur de la vie.
La dureté et la rigidité sont inférieures ; la souplesse et la faiblesse sont supérieures.
Les êtres devenus forts vieillissent, car cela s'oppose au Tao.
Quiconque s'oppose au Tao périt prématurément.
Rien n'est plus souple et plus faible que l'eau, mais pour enlever le dur et le fort, rien ne la surpasse.
La faiblesse a raison de la force ; la souplesse a raison de la dureté. Tout le monde le sait, mais personne ne parvient à le mettre en pratique.
Le meilleur soldat n'attaque pas.
Le combattant de valeur l'emporte sans violence.
Les plus grands conquérants gagnent sans lutter.
Les dirigeants les plus efficaces conduisent les hommes sans ordonner.
C'est ce qu'on appelle "la non-agressivité intelligente".
C'est ce qu'on appelle "la maîtrise des hommes".
Tout le monde tient le beau pour le beau, c'est en cela que réside sa laideur.
Tout le monde tient le bien pour le bien, c'est en cela que réside son mal.
Car l'être et le néant s'engendrent.
Le facile et le difficile se parfont.
Le long et le court se forment l'un par l'autre.
Le haut et le bas se touchent.
La voix et le son s'harmonisent.
L'avant et l'après se suivent.
C'est pourquoi le sage adopte la tactique du non-agir, et pratique l'enseignement sans parole.
Toutes choses du monde surgissent sans qu'il en soit l'auteur.
Il produit sans s'approprier, il agit sans rien attendre.
Son œuvre accomplie, il ne s'y attache pas, et puisqu'il ne s'y attache pas, son œuvre restera.
Qui se plie restera entier.
Qui s'incline sera redressé.
Qui se tient creux sera rempli.
Qui subit l'usure se renouvellera,
Qui embrasse peu acquerra la connaissance sûre,
Qui embrasse beaucoup tombera dans le doute.
Ainsi le sage embrassant l'unité deviendra le modèle du monde.
Il ne s'exhibera pas et rayonnera.
Il ne s'affirmera pas et s'imposera.
Il ne se glorifie pas et son mérite sera reconnu.
Il ne s'exhalte pas et deviendra le chef.
Comme il ne rivalise avec personne, personne au monde ne rivalise avec lui.
Qui se dresse sur la pointe des pieds ne tiendra pas longtemps debout.
Qui s'exhibe ne rayonnera pas.
Qui s'affirme ne s'imposera pas.
Qui se glorifie ne verra pas son mérite reconnu.
Qui s'exalte ne deviendra pas un chef.
Celui qui se réfère au Tao comme maître des hommes ne subjugue pas le monde par les armes, car cette manière d'agir entraîne habituellement une riposte.
Ainsi un homme de bien se contente-t-il d'être résolu, sans user de sa force.
Qu'il soit résolu sans orgueil.
Qu'il soit résolu sans exagération.
Qu'il soit résolu sans ostentation.
Qu'il soit résolu par nécessité.
Produire sans s'approprier, agir sans attendre, guider sans contrainte, voilà la vertu suprême.
Percevoir le plus petit, voilà la clairvoyance.
Garder la douceur, voilà la force d'âme.
Le sage n'apprécie pas les trésors recherchés.
Il apprend à désapprendre.
Il se détourne des excès communs à tous les hommes.
Il facilite l'évolution de tous les êtres sans oser agir sur eux.
Le sage connaît sans voyager, comprend sans regarder, accomplit sans agir.
C'est par le non-faire que l'on gagne l'univers.
Celui qui veut faire ne peut gagner l'univers.
Plus il y a d'interdits et de prohibition, plus le peuple s'appauvrit.
Plus on possède d'armes meurtrières, plus le désordre sévit.
Plus se développe l'intelligence fabricatrice, plus en découle d'étranges produits.
Plus se multiplient les lois et les ordonnances, plus foisonnent les voleurs et les bandits.
Le bonheur repose sur le malheur ; Le malheur couve sous le bonheur. Quel en est le terme ?
Le monde n'a pas de normes, car le normal peut se faire anormal et le bien peut se transformer en monstruosité.
Qui se diminue grandira ; Qui se grandit diminuera.
Qui veut abaisser quelqu'un doit d'abord le grandir.
Qui veut affaiblir quelqu'un doit d'abord le renforcer.
Qui veut éliminer quelqu'un doit d'abord l’exalter.
Qui veut supplanter quelqu'un doit d'abord lui faire des concessions.
De même si le sage désire être au-dessus du peuple, il lui faut s'abaisser d'abord en paroles.
S'il désire prendre la tête du peuple, il lui faut se mettre au dernier rang.
Un véritable chef militaire n'est pas belliqueux.
Un véritable guerrier n'est pas coléreux.
Un véritable vainqueur ne s'engage pas dans la guerre.
Un véritable conducteur d'hommes se met en dessous d'eux.
On regarde le Tao, cela ne suffit pas pour le voir.
On l'écoute, cela ne suffit pas pour l'entendre.
On le goûte, cela ne suffit pas pour en trouver la saveur.
Connaître l'harmonie, c'est saisir le Constant.
Saisir le Constant, c'est être illuminé.
"Vous, européens, créerez par la fusion de l'esprit oriental et de l'esprit occidental, la plus haute dimension de la vie." (Taisen Deshimaru)
"De nos jours, on tend à oublier cette influence de l'attitude spirituelle dans la pratique des arts martiaux. On recherche la force par la seule technique. Do, dans Aïkido, signifie Voie. Les arts martiaux ne sont ni une technique de compétition ni un sport de combat, mais une méthode en vue d'atteindre la maîtrise de soi, le contrôle de l'énergie dans l'abandon de l'ego (le moi personnel et possessif, producteur d'illusion) et la communion avec l'ordre de l'univers. Entraînement de la conscience : on ne tire pas la flèche, la flèche part à l'instant précis où, inconsciemment, on est prêt, dépouillé de soi.
Le zen, c'est se concentrer sur chaque instant de la vie quotidienne. La vie moderne rend les choses bien difficiles, même si l'on fait preuve de volonté, personne ne le niera. Nos contemporains, qui sont intelligents, comprennent la situation mais, parce qu'ils sont eux-mêmes dispersés, ils n'apprennent pas aux enfants à se concentrer, ni à développer leur intuition et leur sagesse.
Les parents n'éduquent pas le corps de leurs enfants : ils les conduisent à l'école en voiture, les font vivre dans un air trop chauffé ou trop climatisé, leur donne une nourriture trop douce…
Si tous les jours les enfants apprennent à bien ranger leurs chaussures, cet acte les concentrera. A la façon dont les gens rangent leurs chaussures dans l'antichambre du dojo, je devine leur état de conscience.
De nos jours, la civilisation fait décroître le ressort que possède chaque corps, en proposant un mode de vie artificiel, des aliments chimiques et même des moyens de déplacements qui ne demandent plus aucun effort. Il y a là un très grand danger car tous ces artifices entravent l'évolution de l'homme et le font régresser de l'activité à la passivité.
Le Zen est souffrance, plonge dans la souffrance. L'homme d'aujourd'hui veut échapper à la souffrance, aussi il devient faible, sans défense, sans résistance à l'égard du stress de la vie moderne.
Le Zen ne conseille ni de fuir ce qui peut être dur à supporter ni de le rechercher. Il est un retour aux conditions normales de l'être, corps et esprit. L'énergie s'accroît. On acquiert une vigilance, une attitude juste qui mettent les choses à leur place exacte, celle qu'elles doivent avoir, sans que l'imagination les aggrave. La référence à l'équation vie-mort est constamment présente dans le Zen. Elle donne un esprit et une grande force physique et morale dans la vie quotidienne.
On me demande souvent pourquoi en Occident les meilleurs pratiquants des arts martiaux atteignent généralement un palier qu'il leur est très difficile de dépasser : les arts martiaux ne constituent pas un sport ou une technique, mais une voie. Pour comprendre les arts martiaux, il faut être sans but. C'est lorsque l'on est désintéressé que l'on devient profond. C'est pourquoi, arrivé à un certain niveau dans l'expérience des arts martiaux, il est indispensable de se rapprocher du Za-Zen.
Qu'est-ce que la concentration ?
Dans les textes zen traditionnels il est dit : regarder sans regarder, entendre sans entendre, sentir sans sentir, penser sans penser.
A contempler l'océan, certains ne voient que les vagues à la surface, d'autres ne considèrent que l'eau, sans les vagues. Les vagues et l'eau sont inséparables. Notre esprit est semblable au grand océan. Toute chose change et est impermanente. Le silence est supérieur à l'éloquence."
Combattre, vaincre, dominer, à quoi cela sert-il ?
Gagner aujourd'hui signifie perdre demain.
Quelles valeurs peuvent donc avoir les arts martiaux ?
La puissance physique qui fait de vous un champion du moment n'est qu'éphémère et bientôt un autre vous surpassera !
Toutes les victoires sont relatives.
Aux yeux de la nature, être victorieux ou vaincu dans le monde des humains demeure sans valeur, à l'image du flux et du reflux de l'océan…
Quelle signification peut avoir la domination des autres si nous ne sommes pas capables de nous dominer nous-mêmes ?
Qu'y a-t-il au delà ?
(Taisen Deshimaru)